La semaine dernière, nous avons abordé les caractéristiques importantes pour choisir un isolant. Nous avons également balayé le large éventail de l’isolation biosourcée. Cette semaine, nous abordons les autres types d’isolants disponibles et leurs caractéristiques.
Si vous n’avez pas encore lu notre article précédent sur le choix d’un isolant, nous vous conseillons de commencer par celui-ci « Quel isolant pour ma maison ? Partie 1 ». Les aspects techniques abordés ici seront plus clairs suite à cette lecture.
L’alternative géosourcée
La perlite
Perlite expansée, λ = 0.052 W/m.K, c = 900 à 1000 J/kg.K, ϱ = 70 à 240 kg/m3, μ = 1 à 5
La perlite est une roche volcanique siliceuse. Elle est chauffée à haute température afin d’évacuer la vapeur d’eau, créant ainsi des cavités d’air aux propriétés isolantes. Le procédé d’expansion est énergivore ce qui dégrade l’impact carbone de ce matériau. En revanche, il dispose de propriétés intéressantes et peu communes pour un isolant. En effet, la perlite est imputrescible, incombustible et perméable à la vapeur d’eau. Elle est par ailleurs facilement réutilisable si aucun adjuvant n’est utilisé. Elle est vendue sous forme de petites billes blanches. Très fluide, elle peut donc facilement remplir des cavités.
La vermiculite
Vermiculite, λ = 0.065 W/m.K, c = 800 à 1000 J/kg.K, ϱ = 50 à 160 kg/m3, μ = 3 à 4
Il s’agit de silicate de magnésie qui est lui aussi expansé, en suivant une méthode similaire à celle de la perlite. Son impact carbone est un légèrement meilleur car la température de chauffe nécessaire est un peu plus faible. La vermiculite est également imputrescible, incombustible et elle présente une très bonne durabilité. Elle est réutilisable en vrac, dans des remblais ou dans des bétons allégés. Comme tous les isolants géosourcés, la vermiculite est une ressource non renouvelable.
La roche
Laine de roche densité moyenne à haute, λ = 0.045 W/m.K, c = 1300 J/kg.K, ϱ = 25 à 200 kg/m3, μ = 1
La laine de roche est produite à partir de roches volcaniques (basalte), de fondant et de coke industriel. Ces matériaux sont mis en fusion, filés puis cuits. Présente en vrac, en panneaux ou en rouleaux, la laine de roche est imputrescible et incombustible. Elle a également de bonnes performances acoustiques. Elle est souvent utilisée autour des conduits de poêles et de cheminées.
Le verre
Laine de verre densité moyenne à haute, λ = 0.039 W/m.K, c = 1030 J/kg.K, ϱ = 30 à 150 kg/m3, μ = 1
La laine de verre provient de la fusion de sables siliceux ou de verre recyclé et de fondant. Elle est ensuite filée, imprégnée de résine, puis cuite à haute température et mise en forme. Son impact carbone est plutôt mauvais du fait de la phase de cuisson. Il est un peu amélioré si une partie du verre utilisé provient des filières de recyclage. La laine de verre doit avoir une densité élevée afin d’éviter son tassement dans le temps. Elle est incombustible, non putrescible et non capillaire. Ses performances en confort d’été sont vraiment médiocres et ses caractéristiques acoustiques sont moyennes à faibles.
Les isolants issus du recyclage
La ouate de cellulose
Fibre de bois, λ = 0.038 W/m.K, c = 1800 à 2100 J/kg.K, ϱ = 25 à 270 kg/m3, μ = 1 à 5
Certainement l’isolant écologique le plus en vogue : la ouate de cellulose ! Il s’agit de l’isolant écologique le moins cher et il se pose très facilement. Il est notamment utilisé pour isoler des combles perdus (par soufflage). Issue du recyclage du papier, la ouate de cellulose est un bon isolant thermique pour l’hiver. Elle contribue également à améliorer grandement le confort d’été. Elle a par ailleurs des performances acoustiques intéressantes.
Contrairement aux apparences, elle n’est pas consommable par les rongeurs. Elle est également peu sensible au feu du fait des traitements qui lui sont ajoutés lors de sa fabrication. Enfin, elle est un bon régulateur hygrothermique. Elle reste cependant putrescible donc veillez à la mettre en œuvre dans de bonnes conditions. La ouate de cellulose est un des matériaux qui présente le meilleur rapport coût/impact environnemental : pensez-y pour votre rénovation énergétique !
Les isolants textile
Laine de coton recyclé, λ = 0.044 W/m.K, c = 1200 à 1400 J/kg.K, ϱ = 18 à 75 kg/m3, μ = 2 à 3
Les isolants textiles sont souvent à base de coton, ou bien d’un mélange coton-laine (Métisse©). Les textiles sont récupérés par des associations (Le Relais notamment) qui les transforment en isolant. Ceux qui ne peuvent pas être réutilisés pour leur usage premier sont ainsi découpés, hachés, défibrés, puis des fibres sont ajoutées et la matière est mise en forme. La laine de coton est sensible au feu et putrescible. En revanche, elle présente de très bonnes qualités acoustiques et participe à un bon confort d’été (pour les laines denses). Cette production est basée sur une filière de l’économie sociale et solidaire.
La mousse de verre cellulaire
Verre cellulaire, λ = 0.080 W/m.K, c = 1000 J/kg.K, ϱ = 100 à 220 kg/m3, μ = 5
Le verre cellulaire est fabriqué à partir de verre fondu auquel est ajouté du gaz carbonique. Sa fabrication nécessite beaucoup d’énergie, son bilan carbone est donc plutôt mauvais bien que le verre utilisé soit majoritairement issu du recyclage. En revanche, il est imputrescible, non capillaire, résiste au feu et a une excellente durabilité. Il est souvent utilisé pour isoler les soubassements de murs ou réaliser des hérissons.
Les isolants issus de la pétrochimie
Le polystyrène expansé
Polystyrène expansé densité moyenne à haute, λ = 0.043 W/m.K, c = 1450 J/kg.K, ϱ = 15 à 60 kg/m3, μ = 60
Le polystyrène expansé est issu d’un produit de raffinage du pétrole qui est polymérisé pour obtenir un monomère. Derrière ces termes barbares se cache une dépense d’énergie importante (gros impact carbone) et une pollution de certains milieux naturels. Ce matériau est imputrescible, la mise en œuvre est aisée et le prix d’achat est faible. Il est toutefois sensible au feu et très peu perspirant. Pour cette raison, il est totalement déconseillé pour isoler des murs en pierres ou en terre. La matière première (le pétrole) est bien évidemment limitée.
Le polystyrène extrudé
Polystyrène extrudé, λ = 0.040 W/m.K, c = 1450 J/kg.K, ϱ = 20 à 60 kg/m3, μ = 150
La composition se rapproche de celle du polystyrène expansé. Le mélange est cette fois fondu et homogénéisé dans une extrudeuse puis refroidi. Le processus de fabrication nécessite l’utilisation d’un puissant gaz à effet de serre (le HFC) ou de CO2. Les caractéristiques du polystyrène extrudé sont proches de celles de son cousin expansé, il est néanmoins plus résistant à la compression. Cette qualité lui permet d’être souvent utilisé en sous-couche de plancher chauffant, en isolation enterrée ou de toiture-terrasse.
Le polyuréthane
Polyuréthane, λ = 0.046 W/m.K, c = 1400 J/kg.K, ϱ = 5 à 100 kg/m3, μ = 60
Les mousses de polyuréthane sont obtenues par réaction d’isocyanate, de polyol et d’un gaz expanseur (CO2). Elles ont une meilleures résistance à la compression que les polystyrènes et sont également imputrescibles. Sensible au feu, le polyuréthane dégage des gaz toxiques en cas d’incendie. Il est distribué sous forme de panneaux ou de coques isolantes. Il est aussi possible de le trouver sous forme de mousse projetée, celle-ci nécessite de grandes précautions de mise en œuvre à cause des gaz émis.
Peut-on utiliser d’autres matériaux ?
Les briques monomur ont été très à la mode il y a quelques années. L’idée est intéressante : assurer en même temps le rôle structurel et le rôle d’enveloppe isolante. Plus isolantes que des parpaings traditionnels, les briques monomur assurent une bonne base pour l’enveloppe mais ne suffisent pas à isoler un bâtiment. En effet, les règlementations thermiques se sont durcies et les performances thermiques des briques ne sont plus suffisantes (à moins d’épaissir grandement le mur). Elles peuvent en revanche jouer un rôle structurel et –un peu- isolant, et être doublées par isolant plus mince.
Les peintures isolantes, une fausse bonne idée ? Effectivement, l’aspect isolant est purement marketing ! Le coefficient de transmission thermique est certes indiqué sur l’emballage mais nous avons vu au début de cet article que la résistance thermique obtenue dépend de l’épaisseur… Or l’’épaisseur de peinture appliquée est négligeable ! Elle ne permet donc pas d’atteindre une quelconque performance thermique…
Une idée reçue très répandue…
« Les murs en pierre de ma maison me protègent du froid. » Et bien non ! La pierre a une très bonne inertie, elle est donc intéressante pour le confort d’été. En revanche, elle n’offre pas une résistance thermique intéressante : 1m de schiste isole autant que 2cm de laine de bois…
Vous l’aurez compris, les murs en terre non plus ne sont pas isolants… Ils ont des caractéristiques proches de la pierre sur ce plan. Si vous souhaitez en apprendre plus sur les qualités de la terre crue, je vous invite à lire notre article à ce sujet.
Au cas par cas
Pour conclure, chaque isolant présente des avantages et des inconvénients, ils sont donc à choisir au cas par cas. L’impact carbone sera probablement un facteur de plus en plus déterminant dans le choix. Les isolants biosourcés sont les mieux placés de ce point de vue, surtout s’ils sont produits et utilisés localement, en circuit court !
Attention, les caractéristiques de matériaux données dans cet article doivent être considérées comme des ordres de grandeur. Elles peuvent ne pas être à jour car les matériaux évoluent constamment. Le mieux est souvent de tenir compte des indications du fabricant.
Vous souhaitez plus de renseignements sur un isolant en particulier ? Faites-nous part de vos demandes en commentaires !
Sources :
- Jean Pierre Olivia, Samuel Courgey. L‘isolation thermique écologique. Mens : Editions Terre Vivante, 2010.
- Marabout. Construire sa maison écologique zéro énergie. Espagne : Editions ADS, 2010.
- Association Arcanne. Base de données Matériaux [en ligne] Version 2021-04 <https://associationarcanne.com/ressources/base-de-donnees-materiaux/>
- BBC bois. Empreinte écologique [en ligne] < https://bbc-bois.com/construction-bois/durabilite/empreinte-ecologique/ >