Les prix de l’énergie s’envolent et la perspective des températures hivernales nous invite à repenser notre isolation. Alors quel isolant choisir et pour quelle raison ? Voici quelques clés pour être bien chez soi, en toute saison !
Qu’est-ce qui caractérise un bon isolant ?
Il existe différentes caractéristiques physiques à prendre en compte pour bien choisir un isolant.
La conductivité thermique (λ)
Tout d’abord, la conductivité thermique (λ). Elle correspond à la capacité du matériau à transmettre la chaleur, un matériau isolant a donc une faible conductivité thermique. On lui associe souvent la résistance thermique (R), plus parlante, qui correspond à l’épaisseur de matériau divisée par sa résistance thermique. Pour qu’un matériau soit dit « isolant », il faut que R soit supérieur à 0.5 m²K/W. Ce qui est assez peu finalement…
La capacité thermique massique (c)
Une autre caractéristique intéressante à noter est la capacité thermique massique (c). Elle reflète la capacité d’un matériau à accumuler de l’énergie sous forme de chaleur, pour une masse donnée. Associée à la masse volumique d’un matériau (ϱ), elle permet de déterminer l’inertie du matériau. Il s’agit de sa capacité à stocker la chaleur et à la restituer plus tard. En général, ce n’est pas la première qualité que l’on cherche chez un isolant, pourtant il ne faut pas la négliger car elle favorise un bon confort d’été !
Le coefficient de diffusion de la vapeur d’eau (μ)
Le coefficient de diffusion de la vapeur d’eau (μ) est également important. Il mesure la quantité d’eau qui traverse un matériau pendant un temps donné. Certains matériaux sont très fermés à la vapeur d’eau, on pourrait dire qu’ils sont étanches, c’est le cas du granit par exemple (μ=10 000). D’autres au contraire sont très ouverts à la vapeur d’eau, la paille par exemple (μ=1). Dans un mur composé de plusieurs couches de matériaux différents, il est intéressant de bloquer le passage de la vapeur d’eau côté intérieur et de le laisser libre côté extérieur. Ainsi, la vapeur d’eau présente dans le mur peut être facilement évacuée vers l’extérieur. Cela limite les risques de condensation interne et favorisant la pérennité du bâti. Ce coefficient est parfois associé à la résistance à la diffusion de la vapeur d’eau (Sd), qui correspond à Sd = μ x épaisseur.
Maintenant que vous connaissez les différents points d’attention, quel isolant est le plus pertinent ?
Le choix des isolants biosourcés
Le bois
Fibre de bois, λ = 0.038 W/m.K, c = 1800 à 2100 J/kg.K, ϱ = 25 à 270 kg/m3, μ = 1 à 5
Matériau polyvalent par excellence, le bois est une ressource importante pour la construction. A la fois structurel, matériau de finition au sol et sur les murs, il est aussi utilisé comme isolant. Il prend alors la forme de laine de bois ou de panneaux de fibres de bois denses. Ces panneaux sont produits à partir des rémanents d’exploitation. L’isolation bois présente une bonne résistance thermique et sa haute densité est très intéressante pour le confort d’été. Il assure également une bonne isolation acoustique et joue le rôle de régulateur hygrothermique.
Le chanvre
Chènevotte standard, λ = 0.045 W/m.K, c = 1950 J/kg.K, ϱ = 90 à 115 kg/m3, μ = 1 à 2
Matériau polyvalent par excellence, le chanvre assure l’isolation thermique et phonique, régule l’humidité et améliore le confort d’été !
Il existe également des mélanges terre-chanvre ou chaux-chanvre, ils sont appelés « enduits correcteurs ». Il ne s’agit pas d’une isolation à proprement parler mais leur application peut néanmoins améliorer le confort thermique. En effet, elle réduit la sensation de paroi froide et améliore l’étanchéité à l’air, réduisant ainsi les infiltrations et les courants d’air.
Le lin
Laine de lin, λ = 0.040 W/m.K, c = 1300 à 1700 J/kg.K, ϱ = 20 à 35 kg/m3, μ = 1 à 2
Les isolants produits à base de lin utilisent la partie basse de la tige, considérée comme un déchet pour le textile. Il se retrouve sous différentes formes : la laine peut être utilisée comme isolant en vrac ou en soufflage. Le lin peut également être mélangé à d’autres matériaux agricoles (le chanvre notamment) afin de créer des panneaux isolants semi-rigides aux propriétés intéressantes.
La paille
Botte de paille (perpendiculaire aux fibres), λ = 0.045 W/m.K, c = 1400 à 2000 J/kg.K, ϱ = 80 à 120 kg/m3, μ = 1 à 2
Utilisée dans la construction depuis la fin du XIXème siècle, la paille est un très bon isolant thermique et phonique. Elle régule également l’hygrométrie et apporte un bon confort d’été. Il s’agit par ailleurs d’un matériau renouvelable et compostable lors de la démolition du bâtiment. Sa faible empreinte carbone en fait un matériau de premier choix pour lutter contre le réchauffement climatique !
Le liège
Panneau de liège expansé, λ = 0.038 W/m.K, c = 1700 à 2000 J/kg.K, ϱ = 70 à 100 kg/m3, μ = 1 à 3
Le liège est matériau écologique très intéressant dans la construction. Il est le seul matériau imputrescible d’origine agricole ! Il est par ailleurs peu combustible, non consommable par les rongeurs et très durable. Ses points faibles ? Son prix élevé… et son impact carbone ! Il nous vient souvent du Portugal et se trouve donc pénalisé par le transport. Il se présente en vrac ou en panneaux agglomérés. Non sensible à l’humidité, il est fréquemment utilisé pour isoler les sols, bas de murs et toits terrasses. Il peut aussi contribuer à améliorer le confort d’été.
A suivre…
Bien évidemment, d’autres isolants sont aussi à votre disposition : isolants géosourcés, issus du recyclage ou encore de l’industrie pétrochimique… Nous abordons ces différents isolants dans un deuxième article !
Attention, les caractéristiques de matériaux données dans cet article doivent être considérées comme des ordres de grandeur. Elles peuvent ne pas être à jour car les matériaux évoluent constamment. Le mieux est souvent de tenir compte des indications du fabricant.
Vous souhaitez plus de renseignements sur un isolant en particulier ? Faites-nous part de vos demandes en commentaires !
Sources :
- Jean Pierre Olivia, Samuel Courgey. L‘isolation thermique écologique. Mens : Editions Terre Vivante, 2010.
- Marabout. Construire sa maison écologique zéro énergie. Espagne : Editions ADS, 2010.
- Association Arcanne. Base de données Matériaux [en ligne] Version 2021-04 <https://associationarcanne.com/ressources/base-de-donnees-materiaux/>
- BBC bois. Empreinte écologique [en ligne] < https://bbc-bois.com/construction-bois/durabilite/empreinte-ecologique/ >