En cette période de forte chaleur, quelle stratégie adopter pour être bien chez soi ? Matériaux privilégiés, formes conseillées et petits gestes indispensables, voici les clés du confort d’été !
Privilégier une stratégie globale
Ça coule de source, pour éviter de réchauffer sa maison il ne faut pas laisser rentrer la chaleur. Comment faire ? La chaleur se transmet par rayonnement, convection et conduction. Pour la maintenir à l’extérieur, il est donc possible :
- d’ombrager
- de bloquer la réflexion du rayonnement
- d’éviter le stockage de chaleur dans le sol
- d’isoler pour empêcher la chaleur de rentrer
Ces stratégies de protection, plutôt passives, peuvent être complétées par des stratégies de déperdition, plutôt actives. En effet, il est intéressant de favoriser les pertes de la chaleur déjà accumulée dans votre maison. Pour cela, il faut :
- favoriser l’évapotranspiration (des plantes ou d’un bassin)
- canaliser les brises existantes
- créer des courants d’air
Traduire cette stratégie dans l’architecture
Les premiers points d’attention sont l’emplacement et la dimension des ouvertures. En effet, selon leur positionnement elles vont recevoir les rayonnements solaires du matin (à l’Est), du midi (au Sud), ou du soir (à l’Ouest). Il est intéressant de protéger les ouvertures qui vont réchauffer la maison au moment le moins opportun, souvent celles au Sud et à l’Ouest. L’inclinaison du soleil variant au cours de la journée, un débord de toit ou un store banne seront protecteurs au Sud mais des brise-soleil ou des volets seront plus efficaces à l’Ouest et à l’Est.
De la même manière, la forme de la fenêtre influe sur la quantité de rayonnement qui pénètre dans la maison. Une fenêtre verticale laissera rentrer la lumière et le rayonnement plus loin dans la pièce qu’une fenêtre horizontale sur allège.
Certains logements disposent également de pièces traversantes. C’est une chance en temps de canicule car cela permet de bénéficier d’une double exposition ! Le soleil ne réchauffe pas en même temps les deux façades, créant un différentiel de température. Il ne reste qu’à ouvrir les fenêtres pour créer un courant d’air agréable !
D’autres dispositifs existent également, souvent utilisés sous des climats plus chauds qu’en France. Les tours à vent et les cheminées solaires par exemple permettent d’amplifier le balayage de l’air en exposant une face de la cheminée au soleil. Un effet de tirage thermique se met ainsi en place et rafraîchit la maison. Les puits canadiens et puits provençaux quant à eux utilisent la température du sol qui est stable et plus fraîche en été pour rafraîchir la maison. Des tubes sont enterrés, l’air y circule et perd ses calories lorsqu’il passe sous la terre (plus fraîche). Il repasse ensuite dans la maison qu’il contribue ainsi à refroidir naturellement.
Des matériaux pour lutter contre la chaleur ?
Le choix de matériaux adaptés peut en effet améliorer le confort d’été. Le choix de l’isolant notamment est très important car il peut permettre de retarder le transfert de chaleur. On appelle cela le déphasage. Un bon isolant peut également amortir l’onde de chaleur, c’est-à-dire laisser traverser moins de chaleur que ce qu’il reçoit. La fibre de bois haute densité, le chanvre paysan ou encore la ouate de cellulose sont des isolants performants à la fois pour le confort d’été et pour le confort d’hiver. A l’inverse, la laine de verre n’est pas efficace pour préserver la fraîcheur en été. Si ce sujet vous intéresse, vous pourrez trouver plus d’informations dans notre article sur les isolants.
Une autre caractéristique intéressante à prendre en compte est l’inertie. Un matériau à forte inertie va emmagasiner la chaleur pendant la journée et la restituer plus tard, dans la nuit. Cette méthode est très intéressante car elle permet de différer le pic de chaleur pour qu’il se produise à un moment où il fait plus frais ! Les maisons en pierres et en terre ont une très forte inertie. Elles restituent ainsi la chaleur pendant la nuit. Il suffit d’ouvrir les fenêtres la nuit pour laisser la chaleur s’échapper et rester au frais ! Bien entendu, si la chaleur ne diminue pas la nuit, pendant une canicule par exemple, la chaleur s’accumule dans la maison comme dans une maison classique… Si ce sujet vous intéresse, n’hésitez pas à lire notre article sur la terre crue !
Et si on alliait biodiversité et confort d’été ?
Les plantes peuvent être d’une grande aide dans la recherche de confort en été. Les arbres projettent une ombre salutaire, aussi bien pour profiter d’une terrasse plus fraîche, protéger une fenêtre ou même une façade. Ils permettent ainsi de limiter le réchauffement !
Les plantes captent également une partie du rayonnement solaire, qu’elles utilisent pour se développer. Nécessaire à la photosynthèse, cette énergie « digérée » par la plante est une énergie qui ne réchauffera pas votre maison ! Enfin, comme les humains, les plantes transpirent ! L’eau ainsi dégagée capte la chaleur et fait baisser la température. Ne vous attendez pas à une chute de température colossale, mais tout est bon à prendre !
L’installation d’une pergola peut ainsi permettre de joindre l’utile à l’agréable : faire grimper des plantes caduques dont les feuilles protègeront la façade ou la terrasse. L’idéal pour manger à l’ombre sous les fleurs (glycine, bignone ou chèvrefeuille par exemple), protéger une fenêtre du soleil direct et déguster des kiwis ou du raisin de son jardin ! Vous pouvez aussi opter pour la pose de jardinières devant vos fenêtres au printemps et à l’été. De quoi laisser pousser des rideaux de plantes grimpantes devant vos fenêtres à la belle saison !
Bien sûr, privilégiez les plantes caduques car s’il est important de se protéger du soleil en été, il est aussi important de le laisser rentrer en hiver ! Si vous choisissez des plantes mellifères, vous aurez le plaisir d’observer une variété d’insectes butineurs à votre fenêtre. Les mares et jardins d’eau sont également des alternatives intéressantes. Favorisant l’évaporation de l’eau, ils permettent d’abaisser localement la température. Les différentiels créés peuvent favoriser des courants d’air locaux très appréciables. Cet espace sera très apprécié par les oiseaux et les petits mammifères qui pourront venir s’hydrater et se rafraîchir. Prenez garde cependant à l’eau stagnante qui peut attirer les moustiques !
Les gestes simples mais essentiels
- Fermez les volets en journée. Ce n’est pas la peine de vivre dans une grotte, mais pensez à fermer les volets des fenêtres qui sont exposées au soleil. Pensez à les rouvrir une fois le soleil passé. Vous pouvez aussi baisser les stores mais rappelez-vous qu’il vaut mieux bloquer la chaleur avant qu’elle ne rentre dans la maison (donc côté extérieur de la fenêtre).
- Ouvrez les fenêtres la nuit. Dès que la température extérieure est plus faible que la température intérieure, ouvrez les fenêtres ! Vous laisserez l’air chaud sortir et créerez un courant d’air appréciable.
- Retirez les tapis ! La température de surface des matériaux a un impact sur le confort ressenti. Ainsi, un carrelage a une température de surface plus fraîche qu’un parquet. L’été, pensez à retirer les tapis pour profiter de la fraîcheur de votre sol.
- Faites pousser des plantes grimpantes et caduques devant vos fenêtres, ou plantez un arbre si vous pouvez.
- Créez une mare ou un jardin d’eau pour rafraîchir l’air localement.
- Si vous rénovez votre logement, choisissez attentivement les matériaux. Pour plus de confort, optez pour de la fibre de bois dense, du chanvre paysan, de la ouate de cellulose… Ou construisez des cloisons en terre plutôt qu’en plâtre pour apporter de l’inertie.
Et vous, que faites-vous pour garder un logement confortable en été ? Partagez vos conseils en commentaires !
Sources :
- Spirn, A W; Santos, A N; Johnson, D A; Harder, L B; Rios, M W. Plants for passive cooling. A preliminary investigation of the use of plants for passive cooling in temperate humid climates. Harvard University Dept. of Landscape Architecture, USA, 1981
- Guide EnR, Haute Qualitéé Environnementale. Risques majeurs liés à l’isolation par l’intérieur : Diminution de l’inertie thermique et risque de surchauffe [en ligne] < http://www.hqe.guidenr.fr/cible-2-hqe/diminution-inertie-thermique-risque-surchauffe.php >
- APUR. Cahier #5 : Méthodes et outils de conception des projets. « Atténuer les îlots de chaleur urbains ». Mars 2020
- Jean Pierre Olivia, Samuel Courgey. La Conception bioclimatique des maisons confortables et économes. Editions Terre Vivante, 2006.